[Article Traces Ecrites] En Saône-et-Loire, So Bag dope son chiffre d’affaires malgré la crise sanitaire

Le fabricant d’emballages de grande contenance devrait finir l’année avec une croissance de son chiffre d’affaires de 15% en partie grâce à l’acquisition d’une machine de découpe laser. En plus de réintégrer une tâche auparavant sous-traitée, cet investissement ouvre des débouchés de travail à façon. So Bag explique aussi sa bonne santé par un positionnement sur des produits de niche, très techniques.

Rayon de soleil dans une conjoncture morose. So Bag à Blanzy (Saône-et-Loire) devrait terminer l’année avec une hausse de 15% de son chiffre d’affaires (autour de 5 millions d’€). Le fabricant d’emballages de grande contenance – que l’on appelle big bags –, avait anticipé une diversification l’automne 2019 en achetant une machine de découpe laser d’une grande surface de travail (largeur jusqu’à 1.800 mm) qui s’avère l’outil idéal pour la découpe du polypropylène dont sont faits ses conteneurs souples. Pour l’héberger, la PME de 30 salariés avait poussé les murs à 1.600 m2 pour la production, 900 m2 pour le stockage et 400 m2 pour les bureaux.

En investissant 320.000 € dans une machine de découpe laser sur un total proche de 2 millions d’€ avec l’extension de l’usine, Nicolas Chevalier, son dirigeant, voulait réintégrer cette tâche qu’il sous-traitait et la rendre performante grâce à l’automatisation de la découpe à partir d’un rouleau de matière. Elle a été une complice imprévue pendant le premier confinement du printemps en découpant des masques en tissu pour l’entreprise d’insertion de la région dijonnaise Id’ees 21, en tissu de chanvre pour Géochanvre (Yonne) et fournir 15.000 blouses au CHU de Dijon.

Depuis, la machine a ouvert des débouchés complémentaires, de découpe à façon de matériaux souples, films, tissus et textiles techniques. Mais surtout, elle accompagne l’imagination du dirigeant et de ses équipes car elle découpe avec précision n’importe quelle forme.
Sur la liste des big bags remplissant une fonction particulière, figurent un sac autoportant qui ne s’affaisse pas et permet à une personne de le remplir seule, un autre de levage et de transport de charges par hélicoptère, un sac de plantation pour les végétaux qui protège les racines du desséchement, ou encore un sac pour digues amovibles contre le risque de submersion marine.

Des big-bags « intelligents », les nomme Nicolas Chevalier, qui différencient la PME de la concurrence, principalement en provenance de Chine. « Dans la conception d’un sac, nous intégrons tout ce qui peut faciliter la manutention, comme la manière de le plier, afin de réduire les risques de TMS (troubles musculosquelettiques)», explique le fondateur de l’entreprise en 2013.

Un travail de réflexion sur les matériaux naturels

Pour héberger sa nouvelle machine de découpe laser, So bag a agrandi ses ateliers à 1.600 m2. 

Très connus dans le secteur du BTP pour le transport des gravats et autres matériaux, les big bags fabriqués par So Bag n’y trouvent pas leur marché. Pas assez de valeur ajoutée et pas assez concurrentiels. La majorité des débouchés sont l’industrie de l’agro-alimentaire pour l’emballage de produits céréaliers, produits secs, légumes lyophilisés, etc. La PME compte aussi parmi ses clients l’industrie pharmaceutique et de la chimie pour le conditionnement de principes actifs notamment.

La fibre environnementale très aiguisée comme en atteste son rôle d’ambassadeur régional du Global Compact des Nations Unies (Lire encadré), Nicolas Chevalier se projette dans le futur, en prévision de l’interdiction de l’utilisation des sacs à usage unique que sont la plupart des big bags, notamment lorsque leur contenant est soumis à une réglementation sanitaire.
Il espère qu’un jour ses emballages ne finiront plus en déchetterie grâce à une technologie de mise en oeuvre d’un matériau biodégradable aussi performant que le polypropylène, barrière idéale à l’humidité et aux polluants volatiles, et très résistant. Ce brainstorming le conduit à s’entourer d’experts de réseaux d’entreprises, comme le pôle de compétitivité Vitogora.

Une démarche RSE très aboutie

Chez So Bag, la journée des opératrices de confection démarre par une séance de réveil musculaire, quinze minutes d’exercices pour éviter les tensions de leur travail très physique de couturières, debout, à manipuler des sacs encombrants. Convaincu que « l’humain doit être placé au cœur de l’entreprise », Nicolas Chevalier a entrepris très tôt une démarche RSE (Responsabilité Sociétale de l’Entreprise) dont il publie chaque année un bilan très détaillé, téléchargeable sur le site de l’entreprise.
Labellisée Empl’itude, un label territorial qui valorise les bonnes pratiques des entreprises en matière d’emploi, de ressources humaines et d’engagement sociétal, So Bag a aussi été médaille d’argent EcoVadis, parmi les référents les plus connus de la RSE.

Le dirigeant est très engagé à titre personnel, comme ambassadeur régional du Global Compact. Cette feuille de route des Nations Unies implique des chefs d’entreprises dans les objectifs de développement durable de l’agenda 2030, de réduction de la pauvreté, des inégalités et de la dégradation de l’environnement. Son obsession est de ne rien jeter, pas même les matériaux que l’on ne sait pas recycler aujourd’hui : il les stocke dans l’entreprise en attendant que ce jour arrive.

Pour les autres, il travaille activement avec Les Valoristes bourguignons, une association d’insertion à Crissey (Saône-et-Loire) qui recycle des déchets. Il lui confie le recyclage de la glassine, le papier support des étiquettes (utilisées pour la traçabilité des big bags), recouvert de silicone, matière qui l’empêche de suivre la filière du recyclage du papier.

La nouvelle usine a par ailleurs été l’occasion d’installer une citerne de 30.000 litres de récupération des eaux de pluie pour les sanitaires et le nettoyage des palettes en plastique. L’entreprise pratique aussi une logistique multimodale combinant les modes de transport ferroviaire, fluvial et routier.

En visitant l’entreprise, on remarque aussi des détails comme un composteur des restes du déjeuner des employés ou la collecte des mégots de cigarette pour être recyclés.

Article © Traces Ecrites